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L'injonction "ma porte est toujours ouverte", bien qu'énoncée avec de bonnes intentions par les managers, peut paradoxalement créer une forme d'insécurité ou de culpabilité chez les collaborateurs. Voici pourquoi :

1. Flou des attentes et responsabilité inversée

Lorsque le manager dit que sa porte est "toujours ouverte", il place implicitement la responsabilité de l’initiative sur les collaborateurs. Cela peut induire une situation où le collaborateur se demande s’il doit effectivement se manifester, et si oui, dans quelles circonstances. Cette absence de cadre précis peut créer de l’incertitude :

• Quand est-il approprié de venir ?

• Mon problème est-il suffisamment important pour déranger ?

• Suis-je perçu comme dépendant ou incapable si je sollicite souvent le manager ?

Cette ambiguïté peut générer du stress chez certains collaborateurs qui n’osent pas interrompre ou déranger, de peur d’être mal jugés.

2. Peur d’être perçu comme un "faible"

L’expression "ma porte est toujours ouverte" peut faire croire au collaborateur qu'il devrait être capable de résoudre la majorité de ses problèmes seul. Si, malgré cette injonction, il éprouve le besoin de solliciter de l'aide, il peut se sentir incompétent ou vulnérable, voire craindre d'être jugé pour son incapacité à gérer certaines situations.
Cela peut générer une culpabilité : "Je devrais être capable de me débrouiller, si je demande de l’aide, je vais passer pour quelqu’un de faible."

3. Absence d’espace défini et formel

Bien que "ma porte est toujours ouverte" suggère une ouverture et une disponibilité, elle n’offre pas de structure formelle pour les échanges. Ce manque de cadre peut donner l’impression que le moment est toujours mal choisi :

• Le manager est peut-être occupé ou concentré sur autre chose.

• L’interruption spontanée peut être perçue comme une gêne.

Les collaborateurs peuvent hésiter à solliciter le manager, préférant éviter de déranger à moins que le besoin soit vraiment urgent. Cela limite les occasions d’échanges réguliers.

4. Injonction culpabilisante par son absolu

L’expression contient un caractère absolu : "toujours". Ce type d’injonction peut être interprété comme une promesse impossible à tenir pour le manager, mais aussi un appel permanent à l'action pour le collaborateur.
Cela peut générer un sentiment de culpabilité chez le collaborateur, qui peut se dire : "Si je ne viens pas quand j’en ai l’occasion, je ne suis pas proactif", ou "Je devrais venir plus souvent, mais je n’ose pas".

5. Dérive vers une apparence de disponibilité

En réalité, même si le manager souhaite être disponible, la formule "ma porte est toujours ouverte" peut devenir une fausse promesse. Le collaborateur peut rapidement constater que le manager est régulièrement pris dans des réunions, des appels ou des urgences, ce qui conduit à une disponibilité réduite. L'effet de cette dissonance entre la promesse de disponibilité et la réalité peut être frustrant, voire insécurisant, et donner l'impression que le collaborateur doit trouver le bon moment, renforçant encore plus la gêne ou l'hésitation à interrompre.

Une meilleure alternative : les créneaux "Welcome"

Une alternative sécurisante à "ma porte est toujours ouverte" pourrait être l'instauration de créneaux "Welcome", où le manager définit des moments spécifiques dédiés aux échanges avec les collaborateurs. Ces créneaux :

• Clarifient les attentes, réduisant l’incertitude sur le moment propice pour discuter.

• Évitent la culpabilisation, car le collaborateur sait que ce temps est réservé pour lui.

• Établissent un cadre formel et régulier, évitant les interruptions impromptues et les doutes sur la disponibilité réelle du manager.

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